"Ceux qui voulaient me briser y sont parvenus..."
extrait de la dernière lettre de Jacques Bouille à sa famille





lundi 24 décembre 2012

Quand cela finira-t-il ?


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En cette période douloureuse pour nous, sa proche famille, je ne peux m’empêcher de me souvenir.
Nous sommes partis de chez nous, Jacques et moi, un lundi matin pour nous rendre à la convocation de la PJ., le 15/12/2008. La date avait été choisie, sans doute, pour que toute notre vie durant, cette période de Noël, soit pour nous un souvenir abominable. La période de Noël, c’est un moment stratégique.
Jacques n’est jamais revenu chez lui, vivant. Le 17/12/2008, il a été incarcéré. Il s’est pendu dans sa cellule en mai 2009.
«  La détention provisoire devrait redevenir une exception et ne plus être la règle (sauf en matière criminelle) ».
A-t-elle jamais été une exception ?
Les juges d’instruction en usent et en abusent soit par pur sadisme (est-ce possible ?) soit pour faire craquer un prévenu (est-ce normal ?). Et, de plus, le traitement n’est visiblement pas le même pour tous : certains sont incarcérés, d’autres pas… Les "petits" paient-ils pour ce qu’ils n’osent pas faire aux personnalités plus influentes ?
Certes, la loi les autorise à agir ainsi. Mais un peu de bon sens, de discernement, d’humanité, permettrait d’éviter bien des incarcérations provisoires néfastes pour les individus concernés.
Dans le cas de mon époux, les juges ont-elles voulu faire de lui un exemple ? Quel exemple !
Elles ont obtenu sa mort. En sont-elles satisfaites ? Est-ce vraiment ce qu’elles souhaitaient ?
Comment n’ont-elles pas vu qu’elles le poussaient à la mort en refusant de comprendre sa détresse et sa souffrance ? Est-il possible qu’un être humain fasse subir un tel sort à son prochain ? 
Oui, on le sait, cela se produit constamment, les exemples abondent.
Mais, de la part de juges censées protéger le prévenu, ne pourrait-on s’attendre à mieux ? N’est-ce pas un détournement total ? Et alors même que j’avais averti l’une d’elles des intentions suicidaires de mon époux ? Mais quelle importance, la mort d’un homme sous leur pouvoir ! Car il était bien entre leurs mains.
La dilution des responsabilités n’exonère pas de toute responsabilité : sur quoi se fonde le juge de la détention et des libertés pour prendre sa décision si ce n’est sur les conclusions et/ou les demandes des juges d’instruction?
Jouer les Ponce Pilate, est-ce une attitude digne face à la mort d’un homme ? Considérer cette mort comme un simple « dommage collatéral » est-ce tolérable ?

Je me souviens des deux officiers de police judiciaire -celui qui était responsable de l’enquête et a souvent mené les auditions de mon époux et celui qui m’a interrogée constamment-, me disant : « Mais votre époux n’a ni tué ni violé. » Que voulaient-ils dire ?
Et par la suite : « Nous n’avons pas voulu cela ». Mais cela s’est produit. La mort programmée, prévisible, dont les gardiens avaient conscience en percevant la lente mais réelle dégradation de l’état de mon époux (tous ceux qui ont été entendus ont dit qu’ils savaient qu’il était suicidaire), d’un individu, d’un être humain qu’on a volontairement réduit à néant, la « torture blanche », c’est bien ce qui lui a été infligé. Seuls, les responsables n’ont pas voulu voir ni comprendre !

Oui, la justice tue, et puis elle s’en lave les mains ! Est-ce possible ? Les juges n’en ont-ils pas assez de toutes ces morts ? Ne savent-ils pas ? N’ont-ils jamais  vécu quelques heures en prison pour essayer de comprendre ce qu’ils imposent à d’autres ?

Tous les trois jours, des êtres humains se tuent dans les prisons françaises : quand cela cessera-t-il ?

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