"Ceux qui voulaient me briser y sont parvenus..."
extrait de la dernière lettre de Jacques Bouille à sa famille





samedi 17 décembre 2011


3 ans... que nous avons été définitivement séparés. Nous ne nous sommes jamais revus.

Ceux qui ont agi ainsi savaient ce qu'ils faisaient et pourquoi ils le faisaient.
Leur responsabilité est totale.
M-A Bouille

samedi 10 décembre 2011

De la cécité


On sait que, par principe, « la justice est aveugle ». Mais qu’en est-il lorsque cet adage s’applique au pied de la lettre ?

Voici deux tapis. Ils se ressemblent, et pour cause : ils proviennent de la même région.
L’un a été acheté par la commune, dans le cadre des achats votés par le conseil municipal, l’autre par Jacques Bouille en bien propre (et payé par lui-même, cela s’entend, mais il faut encore, sans doute, le préciser). Ce dernier a été saisi au domicile des Bouille, lors d’une perquisition postérieure au décès de J.Bouille et… fait partie des objets « restitués » à la commune de St. Cyprien au mois d’octobre (cf. article de l’Indépendant du 14/10/2011) !


(source privée : catalogue d'HDV pour l'un et carte professionnelle du vendeur pour l'autre)

Comme dans un "jeu des 7 erreurs", vous pouvez tenter de repérer les différences qui permettent -même à un oeil de non spécialiste- de distinguer ces deux objets l'un de l'autre. Vous pourrez ensuite énumérer ces détails en commentaire : qui sait, cela sera peut-être utile à la justice ? Il semblerait, en effet, qu'elle ait réellement besoin d'aide en la matière...
M-A Bouille

mercredi 2 novembre 2011

vendredi 14 octobre 2011

... avec l'eau du bain


On reprend les mêmes procédés, et on continue.

Surprenant article paru ce jour dans la presse locale !
Singulière décision de justice qui rend à la commune de St Cyprien des objets pour lesquels un procès en cassation est en cours !

Si l’on comprend bien ce qui est dit, ce serait donc grâce à l’intervention du ministre de la culture… et la justice accède enfin à la notion de « bonne conservation » des objets par la commune, alors qu’elle nous la refuse pour les objets saisis qui appartiennent à notre famille ?


Voici quelques simples constatations, par rapport à cet article :

_ 128 objets ? L’ordonnance de restitution, datant du 15 février 2011, n'en mentionne que 126. Où est l'erreur ?
_ la photographie :
  • une malle rouge avec des tapis. Il a été dit et redit que les tapis appartenant à la commune se trouvaient dans des malles dans les entrepôts. Ces malles n’ont jamais été trouvées au domicile Bouille mais dans des locaux municipaux.
  • les cartons avec les tableaux : il a été dit et redit que des tableaux se trouvaient dans le local-archives et des bureaux de la mairie. En revanche, certains tableaux et objets appartenant à la famille Bouille s’y trouvent mêlés car Jacques Bouille -comme on a déjà eu l’occasion de le dire précédemment : LIEN- prévoyant de faire en 2009 une grande exposition des œuvres de la commune, augmentées d’objets privés, avait apporté à la mairie certaines œuvres lui appartenant.
  • une statuette africaine, parmi d’autres qui sont susceptibles d’être aussi notre propriété.
  • un okimono : « mère et enfant en ivoire et shibayama » : je mets la mairie au défi d’apporter la preuve de la propriété de cet objet qui ne figure pas dans le constat ayant été fait à partir des listings comptables des œuvres appartenant à la commune.
J’affirme aussi (et je le prouve sans cesse ! -mais on ne VEUT pas le voir, et on s'autorise à ne pas le faire) que des objets qui sont notre propriété se trouvent actuellement dans les réserves de la mairie, et ont même été exposés lors des deux Levées de voiles.
Cela a été signalé à la justice de manière formelle.
Alors pourquoi faire soudain exécuter cette décision à présent -soit huit mois après son ordonnance et malgré l'existence d'une action s'y opposant- si ce n’est pour se débarrasser d’un paquet gênant au moment où « l’affaire » prendrait l’eau ?


Il y a litige sur la propriété de certains objets, c’est pourquoi nous contestons, encore aujourd’hui, auprès de la cour de cassation, cette décision des juges de Perpignan qui spolie sciemment des individus de leurs biens personnels.
Sans la moindre considération pour cette contestation, la justice vient de rendre, de manière effective, la mairie de St Cyprien dépositaire et responsable de ces biens, qui ne lui appartiennent pas en totalité... et que la municipalité parle déjà de vendre ! De là, de nouveaux problèmes se posent.

Quel est aussi l’objectif de cet article qui se veut retentissant ?
Sans aucun doute renforcer l’idée un peu émoussée ces derniers temps que Jacques Bouille était bien le voleur qu’on avait voulu en faire…
Mais ce n’est pas le cas, et il faudra bien qu’arrive le moment où la vérité sera rétablie.

mercredi 21 septembre 2011

Désinformation, manipulation et calomnie


Il est désespérant de constater comment les intérêts de quelques-uns peuvent parfois -et malheureusement, sans doute, trop souvent- conduire à une tragédie.
De l’information à la déformation et à la désinformation.
De la rumeur à la calomnie.
Du soupçon infondé à l’accusation mensongère.
Il n’y a qu’un pas … qui, de toute évidence, se franchit aisément. Trop.


Comment est-ce possible ?
Comme ceci, voici quelques exemples :

_ Lorsque les représentants de la justice n’hésitent pas à outrepasser leurs droits, quand un procureur ne respecte pas le secret de l’instruction ni la présomption d’innocence en livrant d’emblée (et en modifiant d'ailleurs ses propos entre deux déclarations, le glissement est notable) à l’opinion publique le prévenu comme un coupable avéré :
(cliquer play pour écouter les extraits audio)






source






source

_ Lorsque des adversaires politiques voient une aubaine à saisir dans le micro qu'on leur tend et prennent la liberté d'ajouter encore de nouveaux éléments aux déclarations faites :






source

_ Lorsque la presse bondit sur l’occasion et profite sans scrupule du scandale pour se vendre, sans se soucier des rumeurs et des erreurs qu’elle véhicule :

"« La classe politique locale s’est toujours interrogée sur le train de vie de l’ex-maire, mais nous étions loin d’imaginer l’ampleur des dégâts », tempère une source proche de l’enquête. Entre autres peccadilles, les enquêteurs ont recensé l’achat sur les deniers publics d’un collier de 25.000 euros offert à Marie-Antoinette, son épouse."
France Soir du 24/06/2009 source

"Dans la confidence, des employés communaux ont même livré des adresses où les policiers ont retrouvé la majeure partie des œuvres d’art que le maire et ses adjoints avaient « oublié » de mettre à la disposition des musées. Entre-temps, certains de ses (sic) objets ont été revendus à des collectionneurs que les policiers cherchent désormais à identifier."
France Soir du 06/04/2009 source

"La plupart de ces chefs-d'oeuvre, notamment une "Vénus aux tiroirs" de Dali, se sont volatilisés."
Le Nouvel Observateur n°2325 du 25 mai au 3 juin 2009 (voir l'article)


L’évolution de ces informations, progressivement déformées au fil des interviews ou des articles, et parfois même franchement délirantes, laisse pantois. Comment ne pas s’interroger sur l’absence totale de vérification de ces affirmations ?
Alors même que l’instruction et l’enquête étaient en cours (elles le sont encore), aucune hésitation dans les propos affirmés et assénés ! Il faut, de plus, préciser qu’à aucun moment le procureur n’a démenti ses propos à la presse.

Que Samy Mouhoubi, Jean-Marc Aubert, Doan Bui, et leurs lecteurs crédules ou avides de scandale entendent bien : le collier dont parle le premier n’a jamais été acheté « sur les deniers publics » mais sur les deniers privés de M. et Mme Bouille (payé par chèque !). Comment un journaliste, digne de ce nom, peut-il imaginer, un instant, qu’un percepteur puisse accepter de payer un bijou pour l’épouse d'un maire ?
Quant à « la Vénus aux tiroirs de Dali » dont parle le troisième, elle se trouve toujours au musée Desnoyer. L’on peut même l’admirer actuellement au premier étage, dans la salle de gauche.

A notre connaissance, les « 5 millions d’euros d’œuvres d’art » de la mairie ne se trouvaient pas au domicile des Bouille, c’est pure affabulation.


source

Le spectacle offert aux journalistes par la PJ saisissant, sur ordre des juges d’instruction, des objets au domicile de l’ancien maire a été parfaitement relayé pour satisfaire les a priori et ne laisser aucun doute. De nombreux objets d’art appartenant à la commune se trouvaient… dans des locaux de la commune ! : cela est-il surprenant quand on sait que tous ces objets ne pouvaient être exposés en même temps dans les musées communaux (qui ne sont pas régis, d’ailleurs, par les mêmes règles que les musées nationaux) ?
Si ces objets n’étaient pas demeurés là, comment la municipalité actuelle exposerait-elle, en effet, depuis deux ans, ses Levées de voiles ?


L’acharnement de la justice envers Jacques Bouille et sa famille est tel que cette dernière a été contrainte d’engager différentes actions, en appel et en cassation, pour faire valoir ses droits.

Une succession d’erreurs et de mensonges (volontaires ou involontaires) ne peut faire une vérité.

lundi 19 septembre 2011

Justice et humanité


Concernant "l'affaire DSK", encore, un article des plus intéressants, signé par Christian Charrière-Bournazel (ancien bâtonnier de l'ordre des avocats), est paru dans Le Figaro, le 15 septembre 2011. Il propose une "leçon de droit comparé" qui a le mérite de dénoncer le plus important écueil du système judiciaire de notre pays : le pouvoir immense donné aux seuls juges, celui-là même qui conduit parfois à de véritables catastrophes et, face à lui, l'oubli du respect des droits fondamentaux de la personne humaine, quelle qu'elle soit.

Dans l'affaire qu'il évoque, il commence par s'interroger sur le fonctionnement du système américain en soulevant la contradiction entre :


Il précise à ce propos :


De quoi s'enorgueillir en effet ! On a pu constater, dans "l'affaire Jacques Bouille", comment cette loi a été respectée par tous... Mais il est vrai qu'il n'était qu'un petit maire de province, qu'un banal citoyen, qu'un être insignifiant.
D'assez bonnes raisons pour le priver de ses droits ?

Comment notre pays peut-il vouloir continuer à tirer une grande fierté d'avoir largement répandu à travers le monde les principes de notre philosophie des Lumières, alors que nous oublions régulièrement de les appliquer nous-mêmes ? Force est de constater que le regard fixé (ou perdu) vers les hauteurs de nos idéaux d'équité, de liberté et de fraternité, nous négligeons de (ou feignons de ne pas) remarquer, à nos pieds, la réalité et ses désastres.

A quoi est dû le principal dysfonctionnement de notre justice ? Au peu de respect que l'on accorde à l'individu qui a été inculpé. Dès lors que le voilà "prévenu", il n'est plus rien. Et que dire encore lorsqu'il se trouve incarcéré ! D'emblée, l'opinion publique, à l'image de ce que les acteurs de la justice lui montrent, le considère comme "présumé coupable", et non, comme il devrait l'être, toujours innocent jusqu'à-ce que la preuve de sa culpabilité soit établie. En dépit des lois, il se retrouve privé de ses droits les plus élémentaires (sa liberté, sa propriété, son travail, etc.) et surtout du RESPECT qui lui est dû. De plus, la toute puissance des magistrats, qui ont la possibilité de prononcer un jugement sur leur seule "intime conviction", prive la défense de tout le poids qu'elle devrait avoir.





En France, les juges sont investis d'un tel pouvoir qu'on en oublie presque qu'ils sont des êtres humains, qu'ils ne sont que des êtres humains comme les autres, qui ont choisi la charge de décider du sort de leurs semblables. Lourde tâche, pour le moins -compte tenu aussi des conditions matérielles dans lesquelles il faut se résoudre à l'exercer- et qui mérite le respect, pour peu qu'elle ne conduise pas à des négligences, des erreurs, ou encore à des abus de ce pouvoir total placé entre les mains de quelques uns. En effet, cette mission, confiée à certains d'entre nous, qui se sont volontairement proposés pour la mener à bien, ne devrait-elle pas être acquittée avec les plus grandes précautions et la plus grande humilité, quand on sait à quelles tragédies elle peut conduire ?
Pouvoir absolu et absence de responsabilité de ses actes sont les principales caractéristiques de notre justice française qui conduisent -hélas! trop souvent- à sa totale déshumanisation : la détention provisoire dont usent et abusent certains juges d'instruction est souvent démesurée et conduit régulièrement des prévenus "présumés innocents" au suicide.

Car il n'en reste pas moins que la justice est, et demeurera à jamais dans ce monde, humaine : elle est faite par des hommes, qui jugent des hommes. Et les hommes sont autant enclins à l'idéologie que faillibles. Tous. Pourquoi refuser, rejeter, contester sans cesse cette idée, ou encore s'en offusquer ?
Si la justice ne peut qu'être humaine, il faut aussi qu'elle fasse preuve d'HUMANITE !
D'autres pays l'ont bien compris, et l'ont accepté, pour le bien et le respect de tous :





Le modèle anglo-saxon, que notre gouvernement se plaît tant à nous présenter par ailleurs, mériterait vraiment d'être appliqué à notre pays en matière de justice...

L'enjeu est de taille.


Lire l'article complet : LIEN.

dimanche 4 septembre 2011

Levée de Voiles 2




Deuxième exposition -l’Occident cette fois, après l’Orient- d’œuvres achetées par la mairie de Saint-Cyprien, lors des mandats de Jacques Bouille et de ses équipes municipales, et demeurées entreposées depuis dans les réserves.
Quelle gageure pour la nouvelle municipalité qui expose des œuvres dont elle avait critiqué l’achat et alors même qu’elle fait en sorte d’occulter jusqu’au nom de l’ancien maire Jacques Bouille ! Il faut cependant reconnaître que ce dernier avait su développer l’œuvre culturelle de son prédécesseur, Jean Olibo, et qu’il a ainsi augmenté les collections et le patrimoine de la ville.



Force est de constater aussi que les « cinq millions d’euros d’œuvres d’art » (c’est-à-dire la somme totale des achats votés en conseil municipal sur plusieurs années), dont un candidat à l’élection municipale -enchérissant sur les propos d’un procureur- et une partie de la presse s’étaient empressés de déclarer, sans hésitation ni précaution, qu’ils avaient été
« retrouvés au domicile privé de M. et Mme Bouille », n’y étaient en réalité pas mais se trouvaient bel et bien dans les réserves de la commune (et quand bien même c'eût été le cas, cela ne constituait pas pour autant un délit, cf : 1° de l'article 2122-21 du Code Général de Collectivités Territoriales). En revanche, Jacques Bouille avait lui-même apporté des pièces lui appartenant à la mairie -comme il en avait le droit- d'une part pour personnaliser son bureau, d'autre part parce qu'il préparait une importante exposition en 2009, à l'occasion de ses 20 années de mandat. Il souhaitait en effet y présenter à la fois les oeuvres du patrimoine communal augmenté, comme cela se fait souvent, d' oeuvres prêtées à titre gracieux par des particuliers.

Ainsi, certaines oeuvres -car il est bien certain que toutes celles qui constituent le patrimoine de la commune ne sauraient, et n'ont jamais pu, être exposées en même temps dans les musées actuels de la ville qui sont trop petits- font aujourd’hui l’objet de cette très intéressante exposition, dans laquelle on peut noter également la présence de plusieurs tableaux d'Utrillo qui n'ont jamais quitté les lieux où ils étaient conservés, contrairement à ce que l'on avait laissé entendre par exemple... dans un discours de campagne électorale.
(voir un extrait vidéo)
Comment, en effet, ces deux expositions auraient-elles pu avoir lieu si les objets d’art qu’elles révèlent avaient été soi-disant « retrouvés chez M. le Maire » ? Ne seraient-ils pas actuellement, comme c’est toujours le cas pour les objets qui y ont été saisis, sous scellés ?



Enfin, on peut se souvenir que des déprédations avaient eu lieu en mai 2010 :
ST CYPRIEN: CAMBRIOLAGE D'UN LOCAL MUNICIPAL RENFERMANT LES OEUVRES D'ART DE LA COMMUNE.
..." Selon nos sources, deux oeuvres de valeur auraient été dérobées. A savoir: deux vases d'environ 15000 euros chacun. Les faits auraient par ailleurs été commis entre le 28 Avril dernier et mardi."
L’Indépendant du jeudi 27 Mai 2010 . L M.

Mais qu’en a-t-il été exactement ? Nous ne l'avons jamais vraiment su... Quelles suites ont été données à la protection des oeuvres d'art achetées
pour le compte de la commune par l'ancien maire, avec l'accord de ses conseils municipaux et payées par la perception d'Elne ?

En tous les cas, la municipalité actuelle semble désormais avoir compris l'importance et la valeur du patrimoine artistique de St Cyprien et les raisons pour lesquelles Jacques Bouille s'était attaché à le faire valoir avec la création en cours du musée des Capellans. Pour des raisons que l'on ignore, sa finalisation avait été malheureusement retardée par une absence régulière de subventions de l'Etat (redistribuées dans le département par le préfet) en faveur de la commune de St Cyprien.
Sans aucun doute, et même si l'on a mal perçu le caractère visionnaire de la politique artistique de Jacques Bouille, ce projet aspirait à faire de St Cyprien un nouveau fleuron de l'art sur la côte.


source des illustrations : Supplément "Sortir avec L'Indépendant" n° 86, du 17 juin 2011


Discours prononcé par Jacques Bouille, lors d'une exposition, en mars 2005 :





jeudi 25 août 2011

Merci


Merci à tous ceux qui, régulièrement, nous abordent parce qu'ils souhaitent nous dire que Jacques Bouille leur "manque beaucoup", et que "c'était un vrai Monsieur".

Nous en sommes très touchés.

Son épouse, ses enfants

lundi 1 août 2011

Vers une prise de conscience


Nous n'en aurons pas bénéficié -et l'on sait à quoi cela a conduit-, mais on ne peut que se réjouir des évolutions récentes de la législation, de la révélation claire des moyens auxquels la justice a recours ainsi que de la dénonciation du scandale pénitentiaire dans notre pays.

(cliquer pour agrandir les articles)

le 13 août 2011 encore, une réaction particulièrement pertinente dans Le Monde.

source

→ le 4 août 2011, édito de Le Monde et article de Franck Johannès

source

site source de l'article.


Le Figaro du 29 juillet 2011

source éditeur

source Le Monde du 27 juillet 2011

source Le Figaro des 30/31 juillet 2011

mardi 26 juillet 2011

Droit de réponse ? (suite)


A la suite de la demande de "droit de réponse" adressée au directeur de la publication de L'Indépendant (voir article précédent), un courrier a été envoyé à M. le Procureur Adjoint de Perpignan par un des avocats de la famille Bouille, Maître Dartevelle.


(cliquer pour agrandir)


Ce courrier est également resté jusqu'ici sans réponse.

mercredi 6 juillet 2011

Requête devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme


Nous sommes aujourd’hui amenés à déposer devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme une requête demandant que nous soient enfin rendus les restes de Jacques Bouille, prélevés de manière conséquente lors de son autopsie en mai 2009 (voir article précédent).

Cet article n’a rien de malsain, même s'il va de soi qu'il dérange, et comment pourrait-il en être autrement ? Il traite d’un sujet difficile, qui n’est autre que la réalité, pourtant. Réalité atroce, certes, qui n’en demeure pas moins un problème criant, et déplorablement occulté, qu’endurent chaque jour des hommes et des femmes de notre pays. Et comment en faire prendre conscience à l’opinion, si ce n’est en l’exposant publiquement ?

Afin que l’on n’attente pas à la dignité humaine, à la vie privée et familiale,
afin que soit respecté le droit à l’intégrité physique de la dépouille,
afin que les droits de l’homme et les libertés fondamentales soient sauvegardés,
afin que la loi française, qui impose cela pour une question de simple commodité !, à de nombreuses autres familles soit, peut-être, amenée progressivement à évoluer enfin,

une petite voix, parmi tant d’autres. Une pierre ajoutée.
Une mobilisation.
Nécessaires.


Et non pas, espérons-le, seulement un cri dans le désert.


Famille Bouille

lundi 27 juin 2011

Est-ce donc cela… ?


Comme on a pu récemment l’entendre, M. Tron, présumé innocent, a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour viol, etc. Il risquerait, s’il était reconnu coupable, jusqu’à 20 ans de prison. Il n’a pas été placé en détention provisoire.
J. Bouille, qui aurait dû bénéficier de la présomption d’innocence, a été mis en examen pour blanchiment, corruption, prise illégale d’intérêt, etc. Il aurait risqué, s’il avait été reconnu coupable, jusqu’à 5 ans de prison. Il a été placé en détention provisoire pendant plus de 5 mois. C’est la longue durée de cette détention qui a eu raison de lui et l’a poussé au suicide. Quant à moi, mise en examen et placée sous contrôle judiciaire, sur ordre des juges d’instruction, je n’ai jamais pu rendre visite à mon époux. Je ne l’ai jamais revu vivant depuis le jour de notre séparation au palais de justice de Perpignan, le 17 décembre 2008.

L’instruction de M. Tron -ceci a été dit et bien répété dans les médias- sera menée à charge et à décharge. Quelle merveille !
Mais pourquoi n’en est-il pas ainsi pour tous les prévenus présumés innocents ? Pourquoi des traitements aussi différents, selon que l’on s’appelle M. Tron ou M. Bouille ?
Est-ce donc cela, la justice, en France ?
« Selon que vous serez puissant ou misérable… »
Y aurait-il une justice à deux vitesses... ou plus encore ? Certains palais de justice seraient-ils plus répressifs, plus coercitifs que d’autres ? Ont-ils réellement toute latitude d'agir à leur guise sans jamais avoir à assumer les conséquences de leurs décisions ?
Est-ce bien normal ?
Mon mari n’a ni tué ni violé. Pourquoi avons-nous dû subir un tel traitement et un tel acharnement de la part de la justice locale ?
La justice se vengerait-elle sur les « petits » de ce qu’elle ne peut faire aux « puissants » ?
Que de questions ne sommes-nous en droit de nous poser devant un comportement et un traitement aussi différents !
Où sont-ils donc nos principes de Liberté, d'Egalité... que nous nous plaisons à rappeler si souvent et que nous désirons transmettre à nos enfants ? Plus que des mots ? En tout cas, le terme d'équité semble, lui, avoir réellement perdu tout son sens.
Loin de moi l’idée de vouloir faire subir à M.Tron une détention provisoire : je sais trop ce qu’il en coûte de se retrouver, seul, à longueur de journée, dans une cellule de neuf mètres carrés. Je sais trop bien que cette torture peut amener un être humain à souhaiter sa propre mort.
Non, je suis contre le principe de la détention provisoire, j’ai déjà eu l’occasion de le dire sur ce blog -et surtout contre l’usage très particulier et les abus que l’on en fait malheureusement dans notre pays, celui des Droits de l’Homme, au XXIe siècle qui plus est !-, mais ce que l’on ne fait pas à M.Tron, pourquoi l’a-t-on fait et le fait-on subir à d’autres ?

La justice française, dans cette affaire, prend-elle soudain modèle sur la justice nord-américaine, pourtant si critiquée il y a peu par le milieu médiatico-politique dans l’affaire Strauss-Kahn ?
S’aperçoit-elle subitement qu’elle inflige aux prévenus -présumés innocents, en principe- un traitement de coupables ?
S’aperçoit-elle, enfin, qu’elle tue des citoyens, des êtres humains, en les condamnant à l’enfermement avant même qu’ils ne soient jugés et se met-elle tout à coup à vouloir éviter le pire ?
Si ce n'était pas le cas... on pourrait en arriver à croire qu'il s'agirait alors tout simplement d'un choix, très volontaire. Et infâme.

M.-A. Bouille

mardi 24 mai 2011

DETENTION PROVISOIRE


On parle peu de la détention provisoire en France. Les avocats -avec raison- ont beaucoup argumenté pour que la garde-à-vue soit modifiée, ils y étaient intéressés au premier chef. Pourtant, il y aurait beaucoup à dire sur la détention provisoire qui, comme son nom l’indique, devrait être de courte durée et exceptionnelle.

Hélas !, cette mesure, en France, est devenue la norme. On peut voir, aujourd’hui, que le système judiciaire nord-américain, pourtant critiqué par les médias français, est plus respectueux de la liberté d’un être humain, quitte à l’obliger à être sous contrôle mais hors les murs d’une prison. La détention provisoire dont usent et abusent les magistrats français est une mesure propre à briser un être humain. Peut-être, l’objectif est-il de faire avouer à tout prix un prévenu car il semble que, dans notre pays, l'aveu soit la caution attendue pour faire idéalement des coupables, qu'il évite d’avoir à présenter les preuves -réelles- de sa culpabilité qui font parfois défaut et qu'il permette, de surcroît, de se donner bonne conscience. L’on a vu les dégâts qui peuvent découler d’un tel comportement avec le procès d’Outreau, de sinistre mémoire. A l’époque du bracelet électronique, pourquoi laisser un individu croupir en prison avant même qu’il ne soit jugé et n’accomplisse alors sa peine, s’il est condamné ? Comment en arrive-t-on à ce scandale et cette aberration en France ? Comment peut-on oublier, dans la patrie des droits de l’homme, que rien n’est plus important que la liberté de l’individu ?

Un prévenu, qui doit bénéficier de la présomption d’innocence, est incarcéré comme s’il était déjà coupable. A aucun moment, il ne peut, enfermé comme il l’est, redevenir un être actif, préparer sa défense concrètement, il n’a même pas accès directement à son dossier, même s’il en fait la demande. Tout est fait pour l’accabler encore davantage. Or, la prison, l’enfermement, sont un choc monstrueux pour un individu ordinaire. Le milieu carcéral le sait, qui augmente sa vigilance lors des premiers jours d’incarcération. Mais on ne s’habitue pas à la prison, à se trouver coincé entre quatre murs et un espace de neuf mètres carrés. Ceux qui imposent cette pression et cette torture à un individu n’ont, sans doute, jamais expérimenté eux-mêmes, la réalité de la détention. Et, en France, on laisse un être humain enfermé, en isolement, aussi longtemps -et en toute légalité- que la justice le souhaite. C’est parfois un jeu cruel, celui du chat et de la souris, qui s’installe : à chaque demande de mise en liberté, on ressort la même grosse ficelle d’une confrontation à venir. Comme si on ne pouvait pas avoir organisé cette confrontation avant la date butoir de remise en liberté ! Quelle cruauté et presque quel sadisme ! Le système judiciaire français serait-il vicié à la base ?

Les juges français auront-ils, un jour, enfin, à répondre de leurs actes pour en finir avec les trop nombreux suicides de prévenus dans les prisons qui ne sont considérés aujourd’hui que comme des « dommages collatéraux » dont personne -à part l’Etat- n’a à répondre ? Il s’agit pourtant d’êtres humains qu’un trop long enfermement insupportable a anéantis, et tués.
« Quel rapport existe-t-il entre la souffrance morale et l’émergence de la vérité ? » écrivait mon époux à notre fille. Il se plaignait à elle, à juste titre, de souffrance affective. Mais, en vérité, la justice française reconnaît-elle à un être humain sa nature et sa condition d’être humain ? A-t-il droit à des sentiments, à une affectivité ? Mon époux a passé près de 99% de son temps en prison, SEUL. Songe-t-on, un instant, à ce que cela peut représenter pour un homme équilibré et sociable ? Sur le papier, sans doute, on se préoccupe des conditions d’incarcération. Certes, des avancées ont été faites, mais elles restent bien timides.

Vient-il à l’esprit des juges et des avocats qu’un individu sensé, confronté à ce type d’incarcération -alors qu’il n'a pas encore été jugé ni reconnu coupable !-, va fatalement sombrer, être bourré de médicaments (la camisole moderne), passer des nuits sans pouvoir fermer l’œil à cause des cris, des hurlements ou de bruits de toutes sortes faits par d’autres détenus qui expriment, à leur manière, leur "mal-être" ?
Vient-il à l’esprit des juges que c’est une torture qu’ils infligent, parce qu'ils en ont le pouvoir et qu'on leur en laisse le droit, à un individu qui doit bénéficier de la présomption d’innocence ?
Vient-il à l’esprit des juges que, dans ces cas-là la différence est ténue, très ténue entre la démarche du juge et celle du bourreau ?

M.-A. Bouille

dimanche 22 mai 2011

Droit de réponse


Voici un droit de réponse, envoyé le 21 avril 2011, concernant l’article « L’Affaire reste au tribunal de Perpignan » de Laure Moysset, adressé au journal L'Indépendant qui ne l'a pas (sauf erreur de notre part) fait paraître.


AR
(cliquer sur le document pour agrandir)

jeudi 19 mai 2011

In Memoriam


Deux ans.

Le dimanche 22 mai 2011, une messe sera dite à l'intention de Jacques Bouille, en l'église de St Cyprien plage, à 9h30.

mardi 17 mai 2011

Parution, extraits






(cliquer sur les images pour agrandir)

lundi 16 mai 2011


Je regarde avec douleur -car cela ravive mon propre chagrin- l'affaire Strauss-Kahn à la télévision. J'éprouve une profonde compassion pour les protagonistes de cette affaire -la victime, l'accusé, et leurs familles- et je pense tout particulièrement à l'épouse de M. Strauss-Kahn.
Je m'insurge contre ce que j'entends dire par des journalistes français qui semblent stigmatiser le système médiatico-judiciaire nord-américain et penser que le système français est plus doux. Non, le système médiatico-judiciaire français a la même dureté et la même cruauté : de semblables images d'un homme défait, humilié, mal traité, ont été montrées par des journalistes perpignanais, et aussitôt reprises à l'identique dans certains médias nationaux. Celles de mon époux, Jacques Bouille, maire d'une petite commune française.
Ce n'était qu'un "petit" maire, rien de comparable avec M. Strauss-Kahn. Mais il a été lynché, livré à un acharnement médiatico-judiciaire absolument effrayant, et rapidement
exclu par le parti politique auquel il appartenait.
La présomption d'innocence n'a pas été respectée.
Il a été placé en détention provisoire pendant plus de 5 mois, jusqu'à-ce qu'il se délivre lui-même de l'intolérable, en se suicidant le 23-24 mai 2009.

M-A Bouille

mercredi 20 avril 2011

Dépaysement, Plein Contentieux : décisions de justice


Dépaysement

... La Cour de Cassation, Chambre Criminelle, a estimé que la plainte pour homicide involontaire et non assistance à personne en péril, devait être renvoyée "dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice " au juge d'instruction au tribunal de Grande Instance de Toulouse.


***


Plein Contentieux



(cliquer pour agrandir)



"Affaire BOUILLE, l'Etat condamné" - réaction de François Bouille :

Ce premier jugement est une grande victoire pour nous. Nous constatons tous le traitement particulier dont a été victime mon père dans cette affaire. La faute de l'Etat a été reconnue c'est déjà beaucoup mais on peut être choqué par l'évaluation de cette condamnation. A ce prix-là l'administration pourra continuer presque impunément à traiter les prisonniers de la sorte.

Ce jugement nous dit que la mort aurait pu être évitée. A l'avenir il faudra qu'elle soit évitée. Mais je ne suis pas sûr que cette condamnation serve de leçon à l'administration.

Il sont nombreux ceux pour qui le tribunal a reconnu une faute de l'administration, trop nombreux. Au-delà des aspects politiques, cette affaire pointe du doigt deux problèmes de fond : celui, récurrent, des prisons et des mesures de surveillance inadaptées, du mépris des prisonniers, mais aussi celui de la lenteur de l'instruction et de ses nombreux préjugés entraînant des mesures violentes, dégradantes à l'égard des mis en examen, tout aussi inadaptées puisqu'elles conduisent parfois des personnes présumées innocentes jusqu'à leur mort. Les exemples sont nombreux.

Dans le cas présent, comment ne pas comprendre qu'un homme, présumé innocent, coupé de véritables contacts avec son épouse, laissé à l'isolement pendant plus de 5 mois dans une cellule insalubre de quelques mètres carrés, finalement rendu impuissant à se défendre et dont, en outre, les tendances suicidaires sont connues de tous, ne finisse par se donner la mort ?

Faut-il attendre un drame pour réagir ? Oui, il faut le croire. Et il faut croire également que cela se reproduira fatalement car l'Etat ne peut être condamné à la véritable hauteur de sa responsabilité. Est-ce que 25 000 euros est le prix d'une vie humaine ? Sûrement pas car la vie humaine n'a pas de prix. Mais 25 000 euros, ce n'est même pas une condamnation pour diffamation. De plus, les responsables, qui sont-ils finalement, dans le cas présent ? L'Etat -notion vague... vous, moi, nous tous et, en définitive, personne- est condamné, c'est tout. Voilà le fond du problème : toutes ces erreurs d'appréciation, ces fautes lourdes de l'administration se reproduiront encore parce que leur condamnation est dérisoire en proportion de leurs conséquences, et que personne n'est véritablement responsable.

Pour arrêter ce massacre il faut que les vrais responsables puissent être inquiétés et prennent la mesure de leurs actes.

François BOUILLE,
fils de Jacques BOUILLE



"Play" pour écouter le témoignage diffusé ce matin sur RTL :




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mercredi 9 février 2011

Quelques nouvelles questions et leurs réponses (2)


(...)

Question 7 : Justement, vous semblez réagir davantage dans ce domaine. Pourquoi ne pas l’avoir fait immédiatement il y a deux ans ?

A cause du choc, d’abord, et parce qu’il fallait faire face à tant de difficultés… et puis devant l’accumulation d’erreurs, reprises en permanence au point de finir par être considérées comme des vérités acquises, je ne peux plus me taire. Au départ, nos avocats m’ont déconseillé d’attaquer les médias : ils étaient si nombreux ! Il fallait porter plainte contre chacun d’eux, ce qui a un coût à chaque fois. De plus, tous, hypocritement, se retranchaient derrière le « selon une source proche de l’enquête » qui permet, sous couvert d’anonymat, de raconter tout et n’importe quoi. Ils rapportaient aussi les propos des procureurs Dreno et Alzeari, récoltés lors des différentes conférences de presse. Il semble donc plus logique d’attaquer la source directement.
Le scandale fait vendre, tout le monde le sait. Beaucoup d’articles n’ont été que du « copier coller », chacun reprenant ce qu’un article précédent avait dit, pour parfois y ajouter en supplément une touche personnelle. J’ai le souvenir d’un article de Doan Bui (Nouvel Observateur n° 2325 du 25 mai au 3 juin 2009) parlant de la « disparition, au musée, de la Vénus de Dali », ce qui est une absurdité. Cette statue figure bien dans le relevé des œuvres présentes au musée. Mais se renseigner réellement, faire un article sérieusement documenté, n’est peut-être pas l’objectif premier d’une certaine presse. Il est vrai aussi que la demande d’un constat d’huissier sur les œuvres d’art de la commune n’a été faite par les juges d’Instruction que le 5 mars 2009, presque trois mois après l’incarcération de mon époux. Ainsi ont pu se répandre toutes les sottises possibles.
Au fond, c’était peut-être voulu… Il eût été facile d’arrêter ce type de ragots et de calomnies en rappelant que la gestion des musées de St. Cyprien relevait d’un régime municipal et non national, et quel était le pourcentage réel de l’achat d’œuvres d’art par la mairie par rapport au budget communal, ce que savaient parfaitement le préfet de l’époque, les procureurs, les juges, le percepteur et le trésorier payeur général !


Question 8 : Vous pensez que la justice fonctionne mal ?

Mal ? Le mot est faible. On marche sur la tête. On enferme certaines personnes pour peu de choses ; on « oublie » de le faire pour d’autres. Pour un même délit, on n’est pas condamné de la même manière selon l’endroit où l’on se trouve. Certes, je connais la réponse classique : on apprécie, dit-on, au cas par cas. Bien sûr. Mais cela semble parfois particulièrement inadéquat ! Les représentants de la justice se placent eux-mêmes au-dessus des lois : ils n’hésitent pas à ne pas appliquer des décisions de justice ou à entraver les droits de la défense. On entend souvent parler de « corporatisme » de la justice, ce que réfute le milieu judiciaire, mais quand on y est confronté, cela devient une évidence. C’est -hélas !- un univers effrayant de subjectivité, de connivences, d’intérêts mêlés… Nous avons lu et entendu les mots « réseau » et « mafia » dans cette affaire… Aujourd’hui, je découvre quel est le réel réseau d’influence dans la région et de quel côté il penche. Il est effrayant de voir les partis pris de l’enquête et/ou de l’instruction : tout est fait pour tenter, à toute force, de prouver la culpabilité d’une personne « présumée innocente » alors qu’il est dit dans la loi que l’instruction doit se faire « à charge et à décharge » dans le but de découvrir la vérité. Mais est-ce vraiment la vérité qui intéresse les juges quand on voit comment certaines personnes ou certains éléments sont soigneusement évités ? J’en viens à devoir déposer moi-même des requêtes en appelant à la manifestation de la vérité. Je demande certains actes. Bien évidemment, ces demandes sont rejetées les unes après les autres, ou alors on ne me répond même pas. Mes avocats sont consternés. Je me pose parfois cette question : la Police Judiciaire manipulerait-elle les juges ou les juges couvriraient-ils les « mensonges » et les omissions de la P.J. ? Moi, qui n’ai aucune notion de droit, à la lecture que l’on me fait du dossier, je perçois certaines incohérences, des invraisemblances, des distorsions… et les juges -dont c’est le métier- ne verraient rien ? Dois-je en déduire que certaines personnes sont protégées ?
Le même « copier-coller » dont je parlais à propos de la presse se retrouve aussi dans les « historiques » et la partie intitulée « au fond » des comptes-rendus des procès en appel. Je reste confondue devant ce qui est systématiquement écrit, répété et re-répété sur chaque document, alors qu’il s’agit d’erreurs grossières ! A titre d’exemple, je ne citerai que les allusions à nos revenus : à chaque fois, je retrouve des éléments faux au sujet de ce que mon époux gagnait en sa qualité de médecin généraliste ou à mon sujet car je suis déclarée « retraitée de l’éducation nationale », ce qui est vrai aujourd’hui, mais occulte le fait que je n’ai pris ma retraite qu’en octobre 2008 (auparavant, je travaillais à temps plein ). Mon époux a travaillé à temps plein comme médecin pendant presque plus de vingt-cinq ans, de plus, on passe sous silence ses indemnités de maire, conseiller général, président de communauté de communes. La seule variante que j’ai notée consiste en la disparition de la plainte de Thierry Delposo et de sa liste en 2008. Autre affirmation : « Les netsuké (sic) et tapis achetés au nom de la mairie n’étaient pas présents dans les locaux communaux », alors que, d’après la P.J., 365 netsukés ont été recensés dans l’armoire vitrée du bureau du maire en mairie !...
Que penser d'une telle façon de procéder, en effet ?


Question 9 : Vous dites « mes avocats ». Qui sont-ils ? Vous en avez plusieurs vous-même ? Dans quel but ?

A Perpignan, mon conseil est aujourd’hui Me. Deplanque dont la forte personnalité est connue. Il ne se laisse pas facilement impressionner. Il travaille de concert avec Me. Dartevelle qui a été, au début de l’affaire, l’avocat de mon époux, quand nous avons pensé qu’il était salutaire pour lui d’avoir un avocat capable de prendre de la distance par rapport au milieu perpignanais. Par la suite, j’ai demandé à Me. Dartevelle de rester mon avocat puisqu’il connaît l’affaire depuis le commencement. Je ne me préoccupe pas des opinions politiques, religieuses, sociales, philosophiques et autres, de mes avocats. Ce n’est pas en raison d’elles que je les ai choisis. Je leur demande de défendre mes intérêts et ceux de mes enfants et de nous aider à défendre la mémoire de Jacques Bouille. Bien entendu, suivant les actions engagées, nous devons faire appel à d’autres avocats encore pour nous représenter.


Question 10 : Et quel est leur point de vue sur le déroulement de l’affaire, justement ?

Ils ont l’un et l’autre une longue expérience du fonctionnement de la justice. Toutefois, Me. Dartevelle reste stupéfait du manque de courtoisie qui est la règle au palais de justice de Perpignan. Dès le départ, il m’a dit que pour une affaire de ce genre, mon mari n’aurait jamais été placé en détention provisoire si nous avions habité à Paris. Ce que l’on peut vérifier d’après d’autres affaires qui se déroulent dans la région parisienne. J’en déduis -et c’est un point de vue strictement personnel- qu’il existe en France, peut-être, une justice à deux vitesses, selon que l’on habite Paris ou la province. Je comprends surtout, avec désespoir, que mon époux pourrait être en vie si nous avions vécu en région parisienne puisque c’est son trop long emprisonnement qui l’a tué.


Question 11 : Avec du recul, êtes-vous en mesure de comprendre aujourd’hui ce qui a pu pousser votre époux à se donner la mort ?

Il est pour nous extrêmement difficile de comprendre et d’accepter. Mes enfants se posent encore beaucoup de questions. Nous sommes confrontés à la réalité de sa mort. Etait-ce bien son choix ?
A notre grande horreur, nous avons découvert un certain nombre de choses qui demandent à être explicitées. Il faut aussi que la vérité se fasse sur la mort de Jacques Bouille.
Son enfermement a été très long, il était dans une grande souffrance affective, à cause de sa solitude, du fait d’être séparé des siens et surtout de moi. Je n’ai pas été autorisée à le voir et, de plus, je n’ai pas pu lui écrire pendant presque quatre mois. Contrairement à ce qu’a affirmé le procureur Dreno (j’ai dû faire publier un démenti dans l’Indépendant au moment de la mort de mon époux), je n’ai été autorisée, par la juge Haye, à lui écrire qu’à partir du 10/04/09 officiellement. Le temps que la lettre recommandée me parvienne, nous avons commencé à correspondre vers le 14 ou le 15. Bien entendu, lui non plus n’était pas autorisé jusque-là à m’écrire. J’ai le sentiment que mon époux était tenu au secret : seuls ses enfants, qui n’habitent pas la région, et sa mère, très fatiguée, ont pu le voir. Son cousin germain et son épouse, qui en avaient fait la demande au mois de janvier 2009, n’ont obtenu le droit de visite -après mes demandes répétées et celles de mon avocat d’alors au moment de mes auditions devant les juges- qu’à partir du mois d’avril également. Mais quand on est enfermé 24 heures sur 24, dans 9 m2, quarante minutes d’entrevue avec quelqu’un, deux à trois fois par semaine, ne sont pas de nature à vous apporter tout le réconfort souhaité.
Bien sûr, sous le choc, nous avons imaginé toutes sortes de choses… Il est manifeste que ses prises de position politiques en ont gêné plus d’un, et que sa réélection contrariait quelques ambitions. Sa mort politique a été voulue, peut-être programmée, me semble-t-il. Ce que certains n’ont pas pu obtenir par les urnes, n’ont-ils pas tenté de l’avoir en introduisant des plaintes auprès de la justice ? Et sur quels motifs ? Des absurdités ! Auxquelles la justice a prêté une oreille particulièrement attentive, elle qui a manifesté à son encontre un acharnement si singulier. Sa mort physique n’est que la conséquence de tout ce qu’il a dû subir et que nous ignorions car il ne se plaignait pas. Il n’en a rien dit, ni à ses enfants ni à ses avocats.
Il a aussi eu beaucoup de mal à tolérer l’absurdité de la situation dans laquelle il se trouvait, lui, un scientifique, rationnel et méthodique, enfermé avant d’avoir été condamné, jugé avant qu’on ait pu faire la preuve de sa culpabilité… et tout ce qu’il tentait d’expliquer, d’apporter comme preuve, était occulté, dénigré, balayé par les a priori. De quoi déstabiliser n’importe quel être sensé.
Cela, après la torture de la garde-à-vue dont j’ai déjà eu l’occasion de parler, des interrogatoires épuisants volontairement, où l’on vous crie dessus, où l’on n’hésite pas à pratiquer le chantage, les pressions… après aussi les propos malveillants qui ont franchi les murs de la prison pour l’atteindre et le toucher profondément.
Lui qui aimait tant la vie, qui incarnait pour moi la joie de vivre, que n’a-t-il subi et souffert pour que la mort lui apparaisse comme la seule libération possible !


Question 12 : Il était en quartier d’isolement. N’était-ce pas mieux ?

Cinq mois en quartier d’isolement, ce n’est pas rien. C’est un milieu extrêmement difficile : il se trouvait dans le quartier réservé aux malades mentaux. Après l’annonce de son décès, une vidéo (qui a rapidement disparu) circulait sur internet : un gardien, membre du personnel de Mailloles y était interviewé. Il expliquait les conditions de détention dans ce quartier, il parlait des cris incessants, la nuit, dus à la présence de détenus souvent très perturbés. Comme il l’a expliqué à notre fille et l’a écrit dans ses lettres, il a dû endurer l’inondation répétée de sa cellule à cause d’un détenu qui laissait volontairement couler l’eau dans la sienne, sans réaction du personnel, apparemment. L’eau montait, il épongeait comme il pouvait, puis il regardait, impuissant, fleurir les moisissures sur les murs de sa cellule, comme il le précise dans une de ses lettres. Il avait si froid dans sa cellule qu’il m’avait demandé de lui procurer des pulls en laine et qu’il portait sa parka en permanence. Au mois de mai ! Le directeur de la prison, qui venait aimablement le voir, avant de partir en weekend, n’a, pour sa part, jamais rien remarqué, ni même senti l’odeur de moisi qui devait se dégager de cette humidité ?... Bien plus -mais je ne l’ai compris que plus tard- la semaine où il s’est donné la mort, aucune de nos lettres ne lui a été remise : le juge Anière m’accueillant dans son bureau pour me remettre les papiers de mon époux retrouvés dans sa cellule, le matin même où le corps de mon mari reposait en chambre funéraire et où son cercueil devait être scellé à midi, m’a reproché de ne pas avoir écrit à mon époux durant cette semaine. Devant mes dénégations, il est resté perplexe. Avec mon avocat, Me. Deplanque, nous avons demandé ces lettres, par la suite. Il a fallu bien du temps pour les retrouver, elles étaient au greffe, au nombre de sept en ce qui me concerne, plus une de ma fille et deux autres. Les dates (comme en atteste le cachet postal) s’échelonnent du 15/05/09 au 23/05/09. Ses dernières lettres me sont parvenues ensemble quelques jours après sa mort. Je pense qu’il s’est senti bien seul. Trop. Pour un prisonnier, le courrier représente un lien avec ceux qu’il aime et c’est un peu de leur présence qui entre soudain dans sa cellule. On ne lui a même pas donné cela. Qui sait si ce n’était pas exprès ! Je retrouve ici le même type de cruauté et de sadisme dont j’ai déjà parlé à propos de la police judiciaire.
Mon époux était certainement dépressif : tout le monde le savait (cf. L’Indépendant du 11/02/2009 : article de François Barrère), j’avais averti la juge de son mal-être au mois de mars, ce même weekend de mars, j’avais prévenu par téléphone la prison où une personne de permanence m’avait aimablement rassurée en me disant qu’on savait mon époux suicidaire mais qu’on allait renforcer la surveillance. Seulement, on ne guérit pas en vingt-quatre ou quarante-huit heures d’un état dépressif : mais comme il s’agissait de lui, comme d’habitude, on n’y a pas accordé d’importance. Peut-être même a-t-on pensé à de la comédie… Pourtant (mais là encore, nous l’avons appris après son décès), une fouille de sa cellule avait permis la découverte de médicaments mis de côté et conservés. Cela aurait éveillé les soupçons de n’importe qui… mais pas ceux des responsables du centre pénitentiaire ou ceux de la commission adéquate. On s’est contenté de lui donner un avertissement ! Ces médicaments posent d’autres problèmes : sont-ils le signe d’une intention suicidaire ou le résultat d’un sevrage ? Ce qui aurait dû alarmer et faire réagir a été traité avec une légèreté lourde de conséquences.
Nous, sa famille, nous n’en avons rien su, sinon nous aurions compris. Et il est mort.


Question 13 : Un autre article a mentionné la parution prochaine d’un livre sur le sujet. Confirmez-vous cela ?

Un livre racontant toute l’affaire de Saint-Cyprien, depuis les premières auditions du maire jusqu’à son triste épilogue, paraîtra bientôt, en effet. En voici la présentation :
Cet ouvrage, qui tourne plus spécifiquement autour du personnage de Jacques Bouille, reprend les différents éléments de mise en cause en les analysant et en y répondant. Il ne s’agit en aucun cas de faire l’apologie de Jacques Bouille ou de le faire passer pour coupable. L’instruction du dossier est toujours en cause et nous n’avons, en aucun cas, le droit de nous immiscer dans les rouages de la justice. Il s’agit simplement de porter un autre regard sur l’affaire, sans prendre en compte, comme cela a pratiquement toujours été fait jusqu’ici, les seuls éléments à charge. Pour une raison mystérieuse, Jacques Bouille a, dès son arrestation, subi une énorme pression sans bénéficier, apparemment, de la moindre sympathie. Il est notoire que si certaines personnes incarcérées -notamment Florence Cassez au Mexique- bénéficient immédiatement de la sympathie de tous, les politiciens sont considérés comme des parias dès qu’ils ont affaire à la justice. Le livre répond donc aux questions que le public a pu légitimement se poser avec les seules informations dont il disposait. Il démystifie certaines légendes, telles les norias de camions transportant des berlines de luxe venus décharger leur contenu devant la maison de l’édile. Enfin, à travers des témoignages de proches et des courriers qu’il a écrits durant sa détention, le livre explique comment le maire a pu en arriver à un découragement tel que la mort lui a semblé être la seule issue.

lundi 17 janvier 2011

Quelques nouvelles questions et leurs réponses (1)


Je profite de ce moyen de communication "libre" qu'est encore internet, pour répondre publiquement à quelques questions qu'on me pose souvent. Ces explications seront susceptibles d'apporter des informations concernant des éléments qui demeurent, peut-être, encore totalement ignorés.

M.-A. Bouille


Question 1 : La restitution de vos bijoux a donné lieu dernièrement à un article dans la presse. Où en êtes-vous ?

La restitution de ces bijoux n’a toujours pas été faite. Je sais pertinemment que le mot « bijoux » suffit à lui seul à faire beaucoup fantasmer. Pour certains, il contribue aussi à me discréditer. Je l’accepte et je l’assume. Le problème, c’est qu’en agitant ce chiffon rouge, la plupart des gens ne voient plus où se situe le vrai scandale : car il y a véritablement un scandale. Contrairement à l’avis des juges d’instruction, les juges de la cour d’appel de Montpellier ont considéré que ces objets devaient m’être rendus. Or, depuis le 20/04/2010 (date de la décision de justice) puis du 24/06/2010 (date à laquelle les juges d’instruction s’engagent à me rendre elles-mêmes ces bijoux), il ne se passe rien. La raison avancée par le procureur Dreno en a fait sourire -et même rire- plus d’un au palais de justice : la greffière n’est pas malade depuis six mois, de plus, il y a, sans doute, quelques greffiers encore valides… Le scandale, c’est que des juges n’appliquent pas une décision de justice qui les concerne !
La réponse dilatoire du ministère m’a laissée perplexe. C’est pourquoi, j’ai décidé de déposer une plainte pour abus de confiance. Mes avocats finissent même par trouver cette lenteur suspecte. A vrai dire, que cache réellement ce retard ?
Une décision de justice a été rendue, qu'on n'applique pas. Pourquoi ?
C’est une preuve supplémentaire de cet acharnement constaté contre nous et du dysfonctionnement de la justice.

=> Document : plainte déposée (page 1, page 2).
Ce document a été adressé par recommandé avec avis de réception au procureur de la République, M. Dreno, avec copie au procureur général à Montpellier et au ministre de la Justice.



Question 2 : Voilà presque deux ans que « l’affaire Bouille
» a débuté. Pouvez-vous nous dire où elle en est aujourd’hui ? En avez-vous le droit ? Pourquoi ne pas vous être exprimée plus tôt ?

Oui, comme je l’ai appris par la suite, je peux m’exprimer librement au sujet de l’affaire. Mes avocats, eux, sont tenus au secret de l’instruction. Cependant, dans ce respect, il leur est arrivé de s’exprimer par voie de presse, lorsqu’ils ont jugé que c’était utile à la défense de mes intérêts.
Au tout début, j’étais, bien entendu, sous le choc, et j’avais bien d’autres préoccupations beaucoup plus urgentes et pratiques : découvrir comment ma famille pouvait parvenir à aider mon époux qui se trouvait alors en détention, les démarches à accomplir pour que ses enfants obtiennent un droit de visite, comment lui faire parvenir un peu d’argent, des vêtements… Moi-même, j’étais interdite de séjour à St Cyprien, notre maison était sous scellés, de très nombreux problèmes à régler rapidement se sont présentés.
De plus, mon avocat d’alors m’avait recommandé de me taire. Mais aujourd’hui, je me rends compte que cette attitude n’est plus de mise, puisque la présomption d’innocence et le secret de l’instruction n’ont même pas été respectés en ce qui nous concerne. Le dossier contient aussi des éléments dont j’ai à présent connaissance et qui m’obligent à réagir.


Question 3 : Vous avez tout de même entamé des actions en justice. Quelles sont-elles et où en sont-elles ?

En ce qui concerne le dossier ouvert à propos de la mort de Jacques Bouille, j’ai tenu à demander la restitution des organes de mon époux car, comme pour toutes les familles qui ont eu à subir la même épreuve (celle de l’autopsie d’un des leurs), il m’est insupportable de savoir que le corps que nous avons enseveli est incomplet, qu’il ne repose ni dans son intégralité ni dans son intégrité. Et pourquoi cela ? A cause d’une loi absurde, et abominable pour les proches. Il me semble d’ailleurs qu’un projet de réforme est à l’étude… Mais tout est tellement long quand il s’agit de la justice ! De plus, le fait de ne pas restituer aux familles les organes prélevés et analysés, laisse planer toutes sortes de doutes inquiétants. Dans mon cas, une méfiance totale s’est installée à partir du moment où j’ai eu accès aux différentes pièces contenues dans ce dossier : qu’il s’agisse des procès verbaux concernant la prison, la constatation du décès, l’autopsie… j’ai pu remarquer des incohérences qui me choquent profondément.


Question 4 : Vous attaquez l’Etat. Pourquoi précisément ? Il est rare que sa culpabilité soit reconnue. Quelles sont vos attentes ?

Concernant l’ « affaire Bouille », le premier scandale est le traitement qui nous a été réservé à mon époux et à moi-même. C’est pour cette raison qu’une plainte a été déposée pour non-respect de la présomption d’innocence et du secret de l’instruction. Dès notre mise en garde-à-vue, nous avons été désignés comme coupables dans les médias et par les procureurs de la République qui se sont exprimés lors de plusieurs conférences de presse. Cette culpabilité ne faisait de doute pour personne, après avoir entendu, par exemple, les propos du procureur Dreno, s’exprimant lors de la conférence de presse donnée au moment de l’incarcération de mon époux. Tout le monde l’a vu et entendu sur les écrans qualifier de sa propre initiative les déclarations de mon mari de « mensongères », jugement personnel inadmissible, étant donné que rien jusqu’à aujourd’hui, dans le dossier, ne prouve la culpabilité de Jacques Bouille ! Alors, je m’interroge sur les intentions du représentant du ministère public…


Question 5 : Mais l’avocat de votre mari à l’époque n’avait-il pas lui-même fait une déclaration en ce sens ?

Tout à fait. Et nous avons été les premiers abasourdis d’entendre l’avocat de mon époux dire que Jacques Bouille avait reconnu sa culpabilité concernant certains délits qui lui étaient imputés. Cependant, à cette époque, je n’avais pas connaissance des déclarations de mon mari, je ne pouvais pas entrer en contact avec lui, je n’ai jamais pu le revoir. Ma fille, quand elle a enfin pu lui rendre visite, lui a demandé ce qu’il en était exactement, et il lui a répondu que c’était faux. Lui-même n’était pas au courant des propos de son avocat, ne les ayant pas entendus à la télévision ou à la radio. A partir de là, nous avons fait en sorte de le mettre en contact avec un autre avocat en dehors de la région, car nous avions de grandes inquiétudes pour la défense de Jacques. Je suis d’ailleurs en train d’essayer de faire une action à ce propos, mais… c’est très difficile car, malheureusement, on se heurte à beaucoup de réticences.


Question 6 : Quelles autres actions avez-vous entreprises ?

Il y a l’action de non-assistance à personne en danger et d’homicide involontaire pour laquelle je suis représentée par mon avocat parisien, maître Dartevelle. Sous le choc de la mort de leur père, la première réaction de mes enfants a été de croire à un assassinat… Pour ma part, j’avais tiré la sonnette d’alarme au mois de mars, en téléphonant au centre pénitentiaire et en écrivant à la juge Haye : lors d’un parloir avec ma fille, mon époux lui avait, en effet, dit à plusieurs reprises qu’il envisageait de se donner la mort afin que son calvaire s’achève. J’ignorais alors que le suivi « spécial » mis en place pour sa surveillance ne durerait pas et qu’il le considérait plutôt comme une mesure de rétorsion étant donné qu’on venait le réveiller toutes les heures durant la nuit afin de s’assurer qu’il était bien toujours en vie !
J’ai découvert, avec horreur, la manière dont il a été traité, au point que je finis par me demander si ce n’était pas intentionnel. Lorsque, après son décès, j’ai appris que, malgré mon intervention auprès de la juge, on avait laissé à sa portée des objets susceptibles de l’aider à se donner la mort comme la ceinture de son peignoir, celle de son costume, ses lacets de tennis, des lacets de chaussures, la cordelette des lunettes, des lames de rasoir… je me suis dit que cela faisait effectivement beaucoup. Trop. Ces négligences ont eu une conséquence désastreuse.
Tout comme cette durée d’emprisonnement absurde. Pourquoi une si longue détention ? Elle n’avait plus de « provisoire » que le nom. Jacques Bouille a été victime -et cela mérite d’être dénoncé !- d’un acharnement évident, dans les médias également… et qui, malheureusement, perdure, comme on a pu encore le voir récemment dans un supplément de l’Express. Il est mort, c’est si facile de s’attaquer à un mort ! Je persiste à croire que mon mari serait toujours en vie si sa demande de remise en liberté au bout du quatrième mois avait été accordée. Mais la justice n’a pas estimé qu’elle devait faire droit à la demande de nos avocats.

(...)