"Ceux qui voulaient me briser y sont parvenus..."
extrait de la dernière lettre de Jacques Bouille à sa famille





dimanche 18 avril 2010

Arrêt sur texte


"[…] Les médias constituent une exception très étrange à cet état de fait. Ils jouissent, eux, d’une liberté totale. Ils peuvent impunément dire ou écrire n’importe quoi sur n’importe qui. Et si on leur en fait le reproche, ils avancent immédiatement la sacro-sainte liberté de la presse, comme si cette liberté-là, unique en son genre, ne pouvait donner lieu à aucune perversion, et en conséquence, ne devait connaître aucune limite.
Il faut bien comprendre ce qu’un journaliste tient entre ses mains : l’honneur et la réputation de ses concitoyens. De par ses fonctions, il ne peut ni les juger, ni les contraindre par corps, ni leur imposer des lois. Mais il peut salir leur image publique, et même les tuer symboliquement. Pouvoir immense, si l’on songe que pour tout un chacun, l’honneur –ou l’image de sa propre dignité- représentent probablement le bien le plus précieux, parfois plus encore que la vie même […]."

"[…] La victime lira l’histoire ahurissante et détaillée de ce qu’il a soi-disant volé, les souhaits imprécateurs de quelqu’un qui espère sa mort dans un accident d’avion, ou les noms d’animaux dont on le traite comme dans les pays totalitaires. Personne n’ira le défendre : car chacun a peur de tomber lui-même sous le coup de ce pouvoir hystérique et impuni. Il aura du mal à se défendre devant ses propres amis : car les histoires qu’on raconte sur lui sont si détaillées, si précises, que personne ne peut croire qu’il s’agit là d’un conte calomnieux, inventé de toutes pièces […]."

Extraits de Le seul pouvoir sans contre-pouvoir, par Chantal Delsol pour Le Figaro du samedi 17 - dimanche 18 avril 2010.

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