"Ceux qui voulaient me briser y sont parvenus..."
extrait de la dernière lettre de Jacques Bouille à sa famille





mercredi 20 avril 2011

Dépaysement, Plein Contentieux : décisions de justice


Dépaysement

... La Cour de Cassation, Chambre Criminelle, a estimé que la plainte pour homicide involontaire et non assistance à personne en péril, devait être renvoyée "dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice " au juge d'instruction au tribunal de Grande Instance de Toulouse.


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Plein Contentieux



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"Affaire BOUILLE, l'Etat condamné" - réaction de François Bouille :

Ce premier jugement est une grande victoire pour nous. Nous constatons tous le traitement particulier dont a été victime mon père dans cette affaire. La faute de l'Etat a été reconnue c'est déjà beaucoup mais on peut être choqué par l'évaluation de cette condamnation. A ce prix-là l'administration pourra continuer presque impunément à traiter les prisonniers de la sorte.

Ce jugement nous dit que la mort aurait pu être évitée. A l'avenir il faudra qu'elle soit évitée. Mais je ne suis pas sûr que cette condamnation serve de leçon à l'administration.

Il sont nombreux ceux pour qui le tribunal a reconnu une faute de l'administration, trop nombreux. Au-delà des aspects politiques, cette affaire pointe du doigt deux problèmes de fond : celui, récurrent, des prisons et des mesures de surveillance inadaptées, du mépris des prisonniers, mais aussi celui de la lenteur de l'instruction et de ses nombreux préjugés entraînant des mesures violentes, dégradantes à l'égard des mis en examen, tout aussi inadaptées puisqu'elles conduisent parfois des personnes présumées innocentes jusqu'à leur mort. Les exemples sont nombreux.

Dans le cas présent, comment ne pas comprendre qu'un homme, présumé innocent, coupé de véritables contacts avec son épouse, laissé à l'isolement pendant plus de 5 mois dans une cellule insalubre de quelques mètres carrés, finalement rendu impuissant à se défendre et dont, en outre, les tendances suicidaires sont connues de tous, ne finisse par se donner la mort ?

Faut-il attendre un drame pour réagir ? Oui, il faut le croire. Et il faut croire également que cela se reproduira fatalement car l'Etat ne peut être condamné à la véritable hauteur de sa responsabilité. Est-ce que 25 000 euros est le prix d'une vie humaine ? Sûrement pas car la vie humaine n'a pas de prix. Mais 25 000 euros, ce n'est même pas une condamnation pour diffamation. De plus, les responsables, qui sont-ils finalement, dans le cas présent ? L'Etat -notion vague... vous, moi, nous tous et, en définitive, personne- est condamné, c'est tout. Voilà le fond du problème : toutes ces erreurs d'appréciation, ces fautes lourdes de l'administration se reproduiront encore parce que leur condamnation est dérisoire en proportion de leurs conséquences, et que personne n'est véritablement responsable.

Pour arrêter ce massacre il faut que les vrais responsables puissent être inquiétés et prennent la mesure de leurs actes.

François BOUILLE,
fils de Jacques BOUILLE



"Play" pour écouter le témoignage diffusé ce matin sur RTL :




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